Chez les passionnés du cerf, il y a bien évidemment la période tant attendue du brame mais pas que ! Je dirais même que plus les années passent et plus comprendre et saisir les comportements liés aux cycles des bois devient un objectif majeur dans ma passion du cerf.
Dès la seconde moitié de l’hiver, les cerfs perdent leur tête. Une chute des bois qui est la résultante de l’évolution du taux d’hormones. Très rapidement, un nouveau processeur de croissance des bois se met en place. Un phénomène biologique impressionnant et gourmand en énergie puisqu’en à peine 5 mois le cerf retrouve une nouvelle coiffe. La croissance des bois jusqu’à 5cm par semaine s’accompagne d’un processus progressif de calcification afin que les bois du cerf retrouvent leur dureté. Mais pour clore ce processus biologique, il reste une étape ! Une étape très brève dans le temps, quelques heures seulement, où le cerf doit se débarrasser du tissus plus irrigué qui recouvrait ses bois. Le cerf frotte alors sa nouvelle ramure afin que les velours se déchirent et finissent par tomber.
C’est probablement la publication il y a plus de dix ans maintenant d’un reportage de Philippe Moes dans Image et Nature qui a déclenché cette quête. Des images de rêve, le graal pour un passionné du cerf !
Cette année, dès janvier, j’avais bloqué dans mon planning 10 jours fin juillet pour espérer saisir ce comportement. Il y a quelques semaines, j’avais repéré un nouvel endroit propice en forêt. Un environnement photogénique, relativement ouvert et où des cerfs passaient parfois. J’ai également modifié ma stratégie comparée à l’an dernier puisque j’ai décidé de passer tous mes affûts au même endroit … insister, persister et espérer que ce comportent tant espérer se produise devant moi. Au final, j’aurais passé plus de 100 heures à l’affût en dix jours !
Durant les six premiers jours, je croisais parfois la route des différents acteurs du secteur mais rien en ce qui concerne ma quête. J’avoue que je commençais sérieusement à me poser des questions sur ma stratégie. C’est seulement le 7 ème jour que la scène tant espérée et attendue se produisit. Cinq minutes de rêve!
6h30 du matin, enfin j’aperçois au travers de la végétation des pointes blanches mêlées à des pointes recouvertes encore de velours… ça y est, il est là le temps des lambeaux! Ma concentration est à son comble, surtout ne pas faire d’erreur au risque de rater cette opportunité de rêve. Puis le cerf avance, sort de la végétation pour arriver dans une zone de fougères. Il passe alors prêt d’un jeune arbre et décide se s’exciter dessus pour se débarrasser de ses velours. J’en tremblais ! Toutes ces heures d’affût étaient oubliées ! Quelques minutes plus tard, il traverse devant moi la zone pour disparaitre dans la forêt tel un fantôme.
Je ne pouvais pas espérer mieux puisque ce grand cerf avait un bois encore recouvert de velours et un bois en train de frayer … l’idéal donc pour rendre compte de ce processus biologique! Rendez vous l’année prochaine pour espérer compléter cette série et faire encore mieux …
Ces images ont été réalisées avec des cerfs libres et sauvages en milieu totalement ouvert.