Le printemps est déjà bien installé désormais en forêt. Les bourgeons éclosent et la forêt se pare progressivement de son nouveau manteau. Un vert tendre créant une atmosphère particulière et dès plus photogénique. De nombreuses espèces sont déjà dans leur cycle de reproduction. Le roi de la forêt, le cerf, quant à lui profite de cette période d’abondance en forêt pour la croissance de sa nouvelle ramure. Un phénomène physiologique très exigeant en nourriture puisque la croissance des bois est d’environ 5 cm par semaine.
A midi alors que l’activité humaine est moindre, les cerfs profitent de ce moment de quiétude pour s’alimenter avant de retourner se coucher à l’abris.

La vie d’un cerf n’est pas un long fleuve tranquille. Le cerf, cette espèce toujours aussi mystérieuse et imprévisible, présente une grande plasticité entre individus dans ses déplacements saisonniers. Alors que certains vont vivre sur un nombre très restreint d’hectares, d’autres vont parcourir de longues distances entre le secteur de brame et les secteurs d’hiver de perte des bois et de printemps de repousse des bois. J’ai ainsi eu connaissance de cerfs qui ont parcouru plus de 15 km à vol d’oiseau entre le secteur de brame et d’hiver.
Ces parcours saisonniers sont semés d’embuches entre les infrastructures routières et ferroviaires multiples mais aussi les activités humaines comme la chasse. Le cerf utilise la structure du paysage, des corridors écologiques comme des zones boisées intermittentes, des bosquets pour se déplacer la nuit.
Traverser les années est donc un challenge pour le cerf et il doit jouer de ruses pour éviter ces nombreux obstacles.
Ce cerf présente une morphologie de ses bois très atypiques que je suis désormais depuis 2015. Cette année là, je l’avais découvert avec une boiterie et un bois très particulier. Pour l’anecdote, un de ses bois avait été retrouvé à plus de 12 km à vol d’oiseau de sa place de brame. Depuis, sa ramure s’est ré-équilibrée même s’il reste toujours un dimorphisme … sa boiterie par contre subsiste toujours ce qui l’handicape sérieusement lors du brame et les interactions avec les autres mâles dominants. Ce cerf est devenu très discret au fil des années.

Années 2015 à 2021

Année 2021
A l’heure où la nature s’éveille, les premiers rayons de soleil viennent illuminer la lisière forestière juste avant que ce cerf rejoigne sa remise. Le bon timing pour être au bon endroit au bon moment pour une ambiance éphémère.

Fin juillet, après 6 mois de croissance avec un taux d’environ 5 cm par semaine, le cerf se pare de sa nouvelle ramure. Puis un jour, les velours se déchirent, se dessèchent pour tomber et laisser la nouvelle ramure apparaitre. Ce sont les cerfs les plus âgés qui terminent les premiers ce cycle annuel.
D’ici quelques jours ou semaines, les premiers grands mâles quitteront leur quartier d’été pour rejoindre leur place de brame … le grand bal annuel approche !

La nuit vient de tomber quand, sur le chemin du retour, une silhouette se dessine dans le ciel en feu … une apparition féerique …